Merci à Ernie & Charlotte Wiens d’avoir partagé leur lettre appuyant l’établissement d’un fonds d’impôt pour la paix avec nous et à Claire de l’avoir traduit en français. Que cet effort nous inspire tous à mieux suivre les conseils de notre conscience.
Bon nombre de Canadiens sont convaincus qu’il est immoral de tuer un être humain, quelle qu’en soit la raison. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, quelque 10 000 Canadiens ont choisi d’être des objecteurs de conscience : ils ont refusé de prendre les armes et de tuer. Certains croient qu’il est juste de défendre leur pays. De prime abord, cela peut sembler noble, mais dans les faits, quand vous faites la guerre, vous devez tuer avant d’être tué. Cette prémisse pose problème, car on se retrouve coincé dans une escalade sans fin. En effet, dans la plupart des pays, y compris le nôtre, la course à la militarisation dilapide de précieuses ressources humaines, environnementales et financières pour préparer la guerre, donc pour tuer. Comble de l’ignominie, notre propre pays fabrique de l’équipement et des véhicules militaires qu’il vend à d’autres nations qui s’en servent pour tuer. Il n’est pas exclu que ces armes servent un jour à faire des ravages dans le pays même d’où elles proviennent.
Personne n’a mieux exprimé cette situation problématique que l’ancien président étatsunien Eisenhower : « Chaque fusil fabriqué, chaque navire de guerre lancé, chaque missile déclenché signifie en fin de compte un vol perpétré à l’encontre de ceux qui ont faim et n’ont pas à manger, de ceux qui ont froid et n’ont pas d’abri. Ce monde en armes ne dépense pas seulement de l’argent, il dépense la sueur de ses travailleurs, le génie de ses savants et les espoirs de ses enfants. Ce n’est pas une manière de vivre, au sens profond du terme… »
Nous rêvons d’un dirigeant en fonction dont le discours et les actes s’accorderaient à cette façon de voir. Monsieur Trudeau, nous vous rappelons ce que vous avez dit à une certaine époque, à savoir que si vous n’étiez pas député, vous envisageriez de vous engager au sein d’une Force de paix non violente. Cette intention est assurément noble. Il existe cependant une autre voie allant dans le même sens. Songez que vous êtes peut-être devenu député ET premier ministre, précisément pour promouvoir cette voie. Nous vous prions de mettre à profit votre conviction, votre influence et votre gouvernement pour créer un Fonds pour la paix. Ce faisant, les Canadiens qui le souhaitent pourraient, en toute légalité, rediriger la partie de leurs impôts destinée à préparer la guerre pour bâtir la paix. Du même coup, le Canada démontrerait au monde entier à quel point la paix lui tient réellement à cœur. Conséquemment, nos enfants, nos petits-enfants et les enfants du monde entier seraient en meilleure posture pour envisager l’avenir.
Au cours des dix dernières années, motivés par la perspective d’un Canada pacifique, guidés par notre conscience et notre foi, et dans l’espoir d’un monde meilleur pour tous les enfants du monde, nous avons redirigé la partie de nos impôts destinés à des fins militaires vers le Fonds pour la paix créé par Conscience Canada. Chaque année, en toute transparence, nous avons informé votre cabinet, l’Agence du revenu du Canada, notre député et d’autres responsables gouvernementaux du geste posé et des raisons qui le motivent. Peine perdue. Revenu Canada continue de nous poursuivre pour les impôts déjà versés. Monsieur le premier ministre, à la lumière de la Charte canadienne des droits et libertés, appuyez-vous ce type d’intervention?
Notre pays permet l’objection de conscience depuis plus de 200 ans. Est-ce à dire que ce n’est plus acceptable à l’heure où la guerre technologique requiert plus d’argent que de soldats?
Nous attendons une réponse de votre part. Nous vous prions de prendre notre demande au sérieux. De grâce, évitez de nous envoyer une autre lettre type.
Nous continuons de prier pour nos dirigeants et pour la guérison de toutes les nations.
Sincèrement,
Ernie et Charlotte Wiens
R0G 0A1